Les Nouvelles fermes a construit l’une des plus grandes serres aquaponiques d’Europe à vocation commerciale. Ses légumes prenant racines dans l’eau sont vendus à la grande distribution et aux restaurants autour de la métropole de Bordeaux. Moins consommatrice d’eau et d’énergie, moins émettrice de CO2, cette ferme de 5000 mètres carrés prouve qu’il est possible de faire revenir l’agriculture en ville.
Le contexte
Les Nouvelles fermes fournit en légumes des centres commerciaux, des restaurants et des particuliers grâce à leur ferme en aquaponie. Les légumes ayant les pieds dans l’eau, le producteur n’utilise que 10% de l’eau nécessaire en pleine terre et aucun intrant chimique de synthèse.
Les Nouvelles fermes distribue sa production dans un rayon de 20 kilomètres autour de sa serre de Mérignac, en Gironde.
Les objectifs
« Au XIXe et XXe siècle, les grandes villes françaises étaient entourées de ceintures maraichères produisant des légumes qui étaient ensuite vendus le jour même de leur récolte sur les marchés. Avec l’étalement urbain, la plupart de ces agriculteurs ont disparu. Notre objectif est de faire revenir l’agriculture au cœur des villes », lance Thomas Boisserie, président des Nouvelles fermes.
Des nouvelles fermes particulières car il ne s’agit pas de réaliser du maraichage en pleine terre mais en aquaponie. Un système de maraichage connu mais encore peu développé surtout à échelle commerciale. Ici, les racines des légumes sont dans des bassins d’eau. Si les adeptes de l’aquaponie savent que la plupart des légumes-feuilles et légumes-fruits peuvent se développer les racines dans l’eau et pas seulement dans la terre, il manque un élément essentiel.
Thomas Boisserie précise : « si on se rappelle nos cours de SVT, les plantes ont notamment besoin d’azote, de phosphore et de potassium. Cet apport provient des déjections de nos truites arc-en-ciel qui batifolent dans des bassins à côté de ceux des plantes. Un réseau d’eau en circuit fermé permet de pousser les excréments des poissons dans l’eau des plantes. Cet écosystème nous permet de nous passer des intrants chimiques de synthèse. On utilise ainsi 10 fois moins d’eau que l’agriculture en pleine terre et 5 fois moins d’énergie. Notre salade émet 30% de CO2 en moins. »
» D’ici 2030, 50% des agriculteurs français seront en âge de partir à la retraite mais seulement 10% de leur remplacement est assuré. Qui va produire notre nourriture ? Les Nouvelles fermes s’inscrit dans cette démarche «
La méthodologie
Le projet porté par 5 co-fondateurs est d’abord passé par la création d’une serre aquaponique de petite taille (1000 mètres carrés) pour expérimenter la mise en production. Elle a été ouverte en 2019 sur une parcelle de Bordeaux-Métropole à Lormont. « Cette ferme a été notre cour d’apprentissage. Pendant trois ans, on a pu accumuler des savoirs techniques sur l’aquaponie ».
En 2022, Les Nouvelles fermes fait sortir de terre un prototype cinq fois plus grand à Mérignac, devenant ainsi l’une des plus fermes aquaponiques d’Europe. Et la première ferme aquaponique commerciale en France. «Cela démontre que le modèle économique existe et qu’on peut le dupliquer à l’infini ».
Et les résultats !
Thomas Boisserie envisage d’ailleurs de bâtir 15 hectares de fermes dans 4 grandes métropoles françaises et dans le Grand Paris pour atteindre la rentabilité du groupe. Et ce, sur des sols déjà imperméabilisés ou impropres à la culture de pleine terre. « Aujourd’hui, comme nous sommes en culture intensive mais sans intrant de synthèse, on arrive à faire autant de légumes sur des surfaces 10 fois inférieures que l’agriculture en pleine terre ».
Les Nouvelles fermes a recruté 10 opérateurs sur le site de Mérignac. La production est constituée essentiellement de légumes-feuilles (salades, choux, épinard, blette, etc. ), de légumes-fruits (pois, concombre, melon, tomate, etc.) et de truites.
70 % est vendu à la GMS (grandes et moyennes surfaces) et 30 % aux restaurants.
En chiffres
Qui ?
Autour des 5 cofondateurs et d’un président, les Nouvelles fermes rassemblent :
- une équipe technique (maraichage, aquaponie, agronomie, développement web, etc.) de 8 personnes
- une équipe commerciale et marketing de 4 personnes
- une équipe opérations et fonciers de 4 personnes
- une équipe ferme de Mérignac de 6 personnes
Le budget
- Le budget du projet de la ferme de Mérignac est de 1,5 million d’euros.
- La Région Nouvelle-Aquitaine soutient le projet à hauteur de 340 000 euros.
Les partenaires
Région Nouvelle-Aquitaine, L’Union européenne, Bordeaux Métropole, BPI France, Banque des territoires, Crédit agricole Aquitaine, CIC Sud Ouest, France Agri Mer, Crédit coopératif, Itavi, CNRA, Inrae, Mouvement impact France, Startup low carbon, Agri Sud-Ouest innovation, Chambre d’agriculture de Gironde, French Tech Bordeaux.