Plateforme d’innovation dédiée à la recyclabilité des articles textile et cuir implantée à Hendaye, le Cetia vise à contribuer à la construction européenne de la filière recyclage des vêtements. Grâce à l’innovation robotique et l’intelligence artificielle, le Cetia démontre qu’il est possible de rendre cette filière de recyclage viable économiquement. Un défi relevé pour réduire l’impact environnemental de l’industrie de la mode.
Le contexte
Le Cetia est dédié à l’industrie de la mode réputée pour être la deuxième industrie la plus polluante au monde.
« Si on utilise de la matière recyclée pour produire un vêtement ou une chaussure, cela permet de réduire de 30 à 40 % l’impact environnemental de la fabrication d’un vêtement », précise la directrice du Cetia, Chloé Salmon Legagneur.
Les objectifs
Avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine, l’école d’ingénieurs Estia de Bidart (64) et le Centre européen des textiles Innovants (Ceti) ont donné naissance au Cetia. La directrice de la plateforme se remémore : « Le projet du Cetia est né à l’Estia car l’école a porté dès 2017 un programme d’enseignement et de recherche : la Chaire Bali. Ce programme visait à travailler sur comment l’innovation pouvait accompagner l’industrie de la mode et du textile dans sa transition sociétale environnementale et économique. »
Ce projet est porté par l’école d’ingénieurs mais financé par des entreprises de la mode et du textile dont Décathlon, le groupe Eram, Petit bateau, le Ceti (Centre européen les textiles innovants) et l’entreprise Belharra et Rediv (ex-Patatam). L’ensemble de ces acteurs décide alors de travailler sur l’innovation et dès 2018 sur la circularité. Le défi est de taille. Chloé Salmon Legagneur explique : « Il faut réussir à trouver des solutions pour séparer la partie textile des boutons, des zip, des étiquettes et des différentes épaisseurs. Il est aussi nécessaire de le réaliser de manière la plus automatisée possible et non pas manuellement pour parvenir à lancer une industrie du recyclage vêtement compétitive. »
La Région Nouvelle-Aquitaine, qui finance le projet de recherche de la Chaire Bali, apporte alors une aide de 700 000 euros pour financer les premiers équipements et 230 000 euros pour les premières études.
Le projet s’élargit alors à d’autres acteurs de la mode et du luxe, des centres de tris et de collectes et d’autres centres techniques (sur le cuir) qui montrent leur intérêt avec des lettres d’engagement.
La méthodologie
Les premières études ont permis de monter rapidement des programmes de recherche pour faciliter les opérations dites de « préparation à la matière au recyclage » pour passer d’un produit fini à de la matière prête à être recyclée.
Pour cela une machine a été acquise pour trier les vêtements par composition et par couleur.
Des programmes de recherches ont aussi été initiés pour pouvoir enlever ces boutons et zip grâce à des machines qui utilisent des lasers, de l’intelligence artificielle et des bras robotisés.
L’Estia et le Ceti décident de créer la plateforme Cetia en décembre 2021 sous la forme SAS. En juin 2023, la plateforme est dès lors entièrement opérationnelle sur son site d’Hendaye.
La structuration de cette filière de recyclage arrive au bon moment puisque l’Union européenne va imposer aux marques de prêt-à-porter un certain pourcentage de matières recyclées dans leur nouveaux produits entre 2025-2030
Et les résultats !
Les deux pieds dans l’innovation, le Cetia a réalisé un pilote qui permet de séparer automatiquement les semelles des chaussures (projet re-shoes).
Sept entreprises privées ont co-investi dans ce pilote et la Région Nouvelle-Aquitaine a cofinancé 50% du million d’euros d’investissement.
Aujourd’hui, le Cetia démantèle 800 chaussures par jour. Cela prouve qu’il est possible de recycler ce type de produits.
Des sociétés de toute l’Europe voire même américaines (pour la chaussure) ont contacté le Cetia !
En chiffres
Équipe
- Direction générale et commerciale : 2 personnes pour le management d’équipe et le développement de l’activité.
- 1 Responsable technique pour la gestion du bâtiment et des équipements
- R&D : 5 personnes à la mise en œuvre des programmes de recherche et gestion de projet.
Budget
- 2,4 millions d’euros d’équipements
- 1,2 million de financement Région
Partenaires
- 2 fondateurs : l’école d’ingénieur ESTIA de la CCI-Bayonne Pays Basque et le CETI (Centre européen des textiles innovants)
- Decathlon
- Groupe ERAM
- L’Atelier des matières